jeudi, avril 25, 2024

Marie M’BOUNDZI, « Les femmes doivent jouir pleinement de leurs droits et cesser d’être les maillons faibles de notre Continent ».

Votre site d’information www.les africaines.net est allé aujourd’hui à la rencontre de  Marie M’BOUNDZI, membre du Réseau FemWise Africa

Parlez-nous de votre parcours?

Je suis Marie M’BOUNDZI, de nationalité congolaise de Brazza, résidant en Côte d’Ivoire

Je suis titulaire d’une Maîtrise en Langues étrangères (Espagnol et Russe) obtenue à l’Institut des Langues Étrangères Maurice Thorez de Moscou et détentrice de plusieurs autres certificats en Droit, Anglais, DIH, Genre, Médiation, Questions électorales, etc obtenus en Ethiopie, Suède, Kenya, Nigéria, Ouganda, etc.

J’ai servi au Congo Brazza, au Ministère des Affaires Etrangères à plusieurs niveaux de responsabilité, et en Ethiopie en tant que Diplomate (1er conseiller à l’ambassade du Congo, chargée d’affaires). J’ai servi ensuite en Côte d’Ivoire au bureau de l’Union africaine, en tant que responsable des questions humanitaires, droits de l’homme, point focal genre et ONG (société civile).

J’ai évolué aussi en RCA, en qualité de responsable des affaires humanitaires et au Niger dans une équipe conjointe de médiation CEDEAO/Union africaine avec comme coordonnateur l’ancien président du Nigeria Abdussalami Aboubacar.

En Côte d’Ivoire j’ai été plusieurs fois membre des équipes de médiation avec les parties en conflit et les populations intercommunautaires.

J’ai été observatrice des élections dans plusieurs pays de notre Continent des fois en tant que membre du Réseau FemWise Africa (FWA).

J’ai participé à l’élaboration de certains instruments de l’Union africaine dont le Protocole à la charte africaine des droits de l’homme et des peuples, relatif aux droits de la femme en Afrique ou ,(Protocole de Maputo) et la Convention de l’Union africaine relative aux personnes déplacées internes ou Convention de Kampala.

Je suis à la retraite depuis 2017. Je m’investis dans les consultances. D’abord à l’ambassade du Congo en Côte d’Ivoire, ( chargée des affaires sociales,  des affaires culturelles et de la diaspora), dans une société immobilière et actuellement à Onu femmes, où je suis chargée de l’inclusion sociale. A ce titre je travaille avec des catégories de femmes vulnérables principalement les femmes en situation de handicap, les veuves et les femmes âgées.

Au plan associatif: j’ai été membre d’une fédération des femmes du Congo pour le développement ;

Je suis membre active  du Réseau africain FemWise Africa depuis 2018 et ex vice présidente d’une ONG locale qui lutte contre la drépanocytose et la leucémie chez l’enfant et l’adolescent.

Quelles sont les activités que vous menez en tant que femme pour les femmes en Afrique ?

Je ne suis pas membre d’une ONG qui défend la cause des femmes. Les différentes fonctions que j’ai occupées ne m’ont pas permis de créer ou de militer dans une ONG des droits de la femme pour des raisons de conflit d’intérêt. J’étais plutôt dans une ONG qui œuvrait dans la lutte contre la drépanocytose et la leucémie.

Je veux toutefois noter que les femmes en Afrique sont plurielles et donc les activités doivent correspondre à ce qu’elles sont et représentent. Dans le cadre des activités, je peux citer des formations à plusieurs niveaux (en gouvernance politique, leadership féminin, en activités génératrices de revenus, en autonomisation économique, en médiation, sur les questions de droit, questions électorales, etc. 

Le rôle des femmes dans la résolution des conflits en Afrique ?

Ce rôle est fondamental. La femme ne peut pas être léguée au rôle d’observatrice dans les conflits. Il est vrai que souvent elle ne participe pas directement aux combats mais elle demeure une victime tout comme les enfants. C’est elle qui subit les conséquences des conflits et en paie généralement un lourd tribut. La charge familiale repose sur elle: les enfants, les personnes âgées, les malades, au-delà elle peut être victime de viols ou devenir une cuisinière et/ou un objet sexuel pour les combattants. Elle peut aussi devenir veuve. C’est pourquoi elle doit être à la table des négociations comme une actrice indispensable pour que ses opinions soient prises en compte dans les négociations. Sa voix doit absolument compter. Les autres ne doivent pas parler et décider à sa place. Ce qui se fait sans elle est inacceptable.

La résolution 1325 des Nations Unies est claire à ce sujet. Elle promeut la participation des femmes à tous les niveaux des processus de paix. En soutien à cette résolution, l’Union africaine a créé le réseau des femmes médiatrices dénommé FemWise, en vue de renforcer le rôle des femmes dans les processus de diplomatie préventive, de médiation et de paix sur le Continent.

Que faut-il pour rendre plus efficace les actions menées par les femmes dans la résolution des conflits?

Il faut former les femmes dans les stratégies de médiation et dans les thématiques les plus sophistiquées. Aucun domaine ne devrait leur être étranger. Elles doivent apprendre les différentes techniques de médiation, pour être plus compétentes et efficaces. Les conflits sont de plusieurs ordres c’est pourquoi elles devraient être outillées pour affronter ces questions confiance et maîtrise. Il faut poursuivre le plaidoyer stratégique et la mise en place du réseautage en vue d’améliorer la mise en œuvre des engagements pour l’inclusion des femmes dans la consolidation de la paix en Afrique.

Quel est votre dernier mot ?

Des progrès importants ont été obtenus dans la lutte pour l’égalité des sexes et la participation des femmes dans les règlements des conflits. Toutefois, les défis à relever sont encore nombreux pour que les femmes occupent la place qui leur revient.

De façon générale, les instructions tels la  CEDEF (Convention pour l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes), le Protocole de Maputo, la Déclaration solennelle des chefs d’État d’Afrique et de gouvernement sur l’égalité entre les hommes et les femmes en Afrique, etc ont été adoptés et ratifiés par la majorité de nos États. Malheureusement leur mise en oeuvre demeure un défi.

Les points de blocages se situent à plusieurs niveaux. Il faut intensifier la pédagogie et le plaidoyer stratégique auprès de toutes les parties résistantes pour rassurer les uns et les autres et les mettre en confiance. Il ne s’agit pas d’une compétition mais d’un équilibre social où les femmes et les hommes doivent jouer leurs rôles  complémentaires. L’égalité des sexes et l’émancipation des femmes sont des questions des droits humains. Les femmes doivent jouir pleinement de leurs droits et cesser d’être les maillons faibles de notre Continent. D’où l’importance de la  scolarisation et du maintien de la fille à l’école pour espérer des changements substantiels.

Comme le disait Nelson Mandela, je cite;  » l’éducation est l’arme la plus puissante pour changer le monde ».

Propos recueillis par Ndeye Maguette Kebe

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