Au lendemain de la journée mondiale de lutte contre le cancer, des médecins du bataillon du contingent indien de la MONUSCO se sont rendus à la prison pour femmes de Beni le lundi 5 février. L’objectif était de sensibiliser les détenues aux moyens de prévention du cancer du sein et du col de l’utérus.
Ensuite, ils ont procédé à des consultations auxquelles les cinquante-deux pensionnaires de cette maison d’arrêt ont participé volontairement. Le docteur Léocadie Zawadi, l’un des médecins supervisant le dispensaire de cette prison, salue l’initiative de l’unité d’appui à l’administration pénitentiaire de la MONUSCO.
« L’ignorance tue »
Médecin depuis 13 ans, le Dr. Zawadi sait par expérience que de nombreuses femmes ne sont pas informées des moyens de prévention du cancer et de l’importance du dépistage précoce.
Comme elle l’explique, en matière de cancer, plus tôt le cas est détecté, meilleures sont les chances de guérison pour la patiente.
Le problème réside dans le fait que la plupart de femmes qu’elle consulte ne sont pas conscientes de petits gestes qui peuvent permettre de déceler des « signaux d’alerte ».
« En 13 ans de pratique, que ce soit à Butembo, Bukavu et Beni, le constat est le même. Beaucoup de femmes vivent dans l’ignorance. On dit souvent que l’ignorance tue. Et de nombreuses personnes perdent la vie par manque de connaissances », argumente le Dr Léocadie Zawadi.
Selon elle, toutes les femmes devraient être informées des « signaux d’alerte ».
« La plupart des malades atteints de cancer consultent toujours trop tard, lorsque la maladie est déjà à un stade avancé et souvent fatal. On se contente alors de les accompagner vers la mort alors qu’une connaissance préalable des signaux d’alerte aurait pu les amener à consulter à temps », explique le Dr Zawadi.
Pendant environ une heure, les médecins de la MONUSCO ont fait preuve de pédagogie auprès des détenues, expliquant les manifestations les plus courantes du cancer du sein et du col de l’utérus.
À la fin de l’année 2020, l’OMS a indiqué sur son site Internet que 7,8 millions de femmes vivantes avaient reçu un diagnostic de cancer du sein au cours des cinq années précédentes, ce qui en fait le type de cancer le plus répandu à l’échelle mondiale. Présent dans tous les pays, le cancer du sein touche les femmes de tous âges à partir de la puberté, mais son incidence augmente avec l’âge.
Les signaux d’alerte
Le Dr Léocadie Zawadi souligne que de simples gestes peuvent révéler des signes d’un possible cancer du sein : « Aujourd’hui, nous expliquons aux détenues les méthodes permettant de déceler d’éventuels signes de cancer du sein. L’autopalpation en est un exemple. Une femme doit être capable de s’autopalper, de palper ses seins, elle-même. Cependant, cela ne se fait pas de n’importe quelle manière. Il y a une technique spécifique à suivre et c’est ce qu’elles sont en train d’apprendre. »
Avec l’utilisation des diapositives et de vidéos, les médecins de la MONUSCO assistés par le Dr Zawadi en tant que traductrice, s’efforcent d’être aussi explicites que possible.
Le médecin congolais ajoute : « Déjà en observant, une femme peut remarquer un changement de couleur de son sein, une modification de l’état de son mamelon ou même ressentir une masse à l’intérieur du sein. Tous ces éléments sont des signaux d’alerte. En consultant un médecin, elle peut être rapidement prise en charge. »
Ces signaux, donc, ne peuvent être détectés que si l’on est bien informé.
Pour Kavita Kiza, directrice de la prison pour femmes de Beni, cette action menée par l’unité d’appui à l’administration pénitentiaire de la MONUSCO est salutaire.
« Il est très important que les détenues suivent cette formation. En tant que femmes, nous sommes très exposées. C’est une excellente chose que la MONUSCO ait mis à notre disposition une gynécologue car nous n’en avons pas en permanence ici », souligne-t-elle.
« L’information sauve »
Ignorer les petits gestes permettant de déceler les premiers signaux du cancer peut être fatal. En revanche, les connaître peut sauver des vies.
Le Dr Léocadie Zawadi en a récemment fait l’expérience : « La semaine passée, deux détenues ont été transférées à l’hôpital général de Beni. Elles saignaient et ressentaient des douleurs au bas-ventre. Le même jour, l’une d’elles a subi une opération en raison de saignements abondants. C’est ce qui l’a alertée. »
Des saignements en dehors de la période menstruelle peuvent effectivement signaler un cancer du col de l’utérus.
Le Dr. Zawadi souligne : « Des saignements inattendus, des douleurs au bas-ventre, des douleurs au niveau des hanches ou la sensation de masses dans le bas-ventre sont autant de signes simples qui doivent être considérés comme une alerte et inciter les femmes à consulter immédiatement un médecin. »
Aux côtés des médecins de la MONUSCO et du médecin de la prison, le Dr Jérémie Muhindo, médecin directeur de l’hôpital général de Beni était également présent. À l’instar de sa collègue, le Dr Léocadie Zawadi, le Dr Muhindo a insisté sur l’importance de sensibiliser les femmes détenues, souvent perçues en marge de la société, afin qu’elles aient accès à de telles informations au même titre que les autres femmes.
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