jeudi, avril 25, 2024

Rencontre avec Selma Bennani fondatrice et présidente de la Fédération royale marocaine des sports aérobic et fitness

Selma Bennani est la première femme fondatrice et Présidente de la Fédération royale marocaine des sports aérobic .
Depuis 26 ans , elle promeut le sport aérobic au Maroc et en Afrique.
Le site d’information lesafricaines.net est allé à sa rencontre.

Qui est Selma Bennani ?

Je suis une marocaine fière de l’être, une femme persuadée qu’en valorisant l’humain on peut faire de véritables miracles autour de soi et enfin une citoyenne qui a choisi le sport comme cheval de bataille. J’ai appris les choses les plus importantes de ma vie en restant toujours à l’écoute. Vous savez tout (rires) !

Parlez-nous brièvement de votre parcours ?

J’ai quitté le Maroc après mon bac pour aller étudier aux USA, puis en France et c’est durant mes années parisiennes que se sont produites les deux choses qui ont motivé la création de la Fédération. La première fut ma rencontre avec des prostituées issues de l’immigration dans un café. Elles avaient coutume de faire de l’aérobic pour se défouler. Un jour je les ai entendues parler entre elles par hasard et je n’ai pas pu m’empêcher de les aborder pour en savoir davantage à leur propos. Elles m’ont expliqué que le sport était ce viatique qui permettait d’oublier l’espace d’un moment une réalité difficile et de se réapproprier leurs corps. Ces mots m’avaient donné à réfléchir et j’ai creusé la réflexion des jours et des jours après.  La seconde fut un stage dans une maison d’arrêt pour mineurs, où j’ai pu aider des jeunes à canaliser leur énergie via des activités physiques. Cela a entrainé un changement très positif dans le centre et j’ai encore pu constater ce que quelques heures de fitness pouvaient réaliser. Inspirée par tous ces témoignages, j’ai décidé en revenant au Maroc de fonder une Fédération reposant sur un sport salvateur et pourvoyeur de vocations. C’est ainsi que la Fédération Royale Marocaine des sports Aérobics, Fitness, Hip Hop, Breakdance et Disciplines Assimilées a vu le jour en Octobre 1996.

Quels sont les objectifs de cette Fédération royale marocaine des sports aérobic et fitness ?

Ils sont nombreux et à la hauteur de nos ambitions. Tout d’abord il y a la vulgarisation de la pratique sportive à travers la mise en place d’évènements et festivals itinérants. Nous cherchons à faire du sport une seconde nature chez nos concitoyens et ce jusque dans les localités les plus reculées. Le deuxième axe de notre stratégie concerne la formation pédagogique en vue de la professionnalisation des jeunes talents (repérage des potentiels, encadrement, création de nouveaux cursus sportifs, réinsertion et inclusion sociale des personnes de conditions précaires). En dernier lieu nous travaillons depuis plus de 26 ans à la promotion et au rayonnement du Breakdance marocain à l’échelle nationale et internationale. Nous sommes actuellement en pleine préparation des JO de 2024 où cette danse fera son entrée pour la première fois.

Comment la Fédération appuie-t-elle les femmes ?

En féministe convaincue, j’ai tenu depuis mes débuts à témoigner un soutien inconditionnel à mes concitoyennes. A ce jour, nos portes sont ouvertes à toutes les femmes en situation précaire, qui souhaitent devenir entraineurs ou athlètes, mais ne sont pas en mesure de payer la formation. Nous les prenons en charge et déployons tous les efforts possibles pour qu’elles retrouvent une dignité sociale et des emplois grâce aux diplômes obtenus. J’ai également lancé Fitness Pour Toutes, un évènement annuel visant à lutter contre l’obésité chez les marocaines du Sud et le gavage à but esthétique et social.

Que pensez-vous de la condition des femmes dans le milieu sportif en Afrique ?

Je trouve qu’au regard de leur potentiel et de leur apport dans les différentes disciplines, elles ne sont pas assez mises en valeur. Les fédérations de nos pays gagneraient énormément à investir sur les sportives parce qu’elles nous le rendent toujours bien. Ces athlètes remportent de nombreuses médailles et pourraient en ramener davantage si l’on se décidaient à parier sur elles. Cela encouragerait par ailleurs les jeunes filles qui aimeraient se lancer mais restent paralysées à l’idée de ne pas recevoir l’encadrement et les subsides nécessaires.

Propos recueillis par Ndeye Maguette Kebe

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