vendredi, avril 19, 2024

#Big2021 – Sefora KODJO, PCA de la Fondation Sephis (Côte d’Ivoire) : « L’autonomisation des femmes est notre priorité, et elles doivent s’imposer par elles-mêmes ! »

Dotée d’un solide bagage universitaire et d’un sens inné de la Communication, cette activiste ivoirienne semble, à 29 ans, griller les étapes. À la tête de la Fondation Sephis, Sefora KODJO se consacre à la formation des femmes entrepreneures ou chefs d’entreprise. Rencontre au BIG avec cette jeune femme qui trace sa route au pas de charge.

Propos recueillis par Bruno FANUCCHI

APP – Qui est vraiment Sefora Kodjo présente en permanence sur tous les réseaux sociaux ?

Sefora KODJO – Je préside aujourd’hui le Conseil d’administration de la Fondation Sephis et je suis la directrice générale du groupe Sephis créé en 2009. Notre organisation travaille principalement dans la formation et l’accompagnement des femmes chefs d’entreprise et des femmes entrepreneures.

Basées en Côte d’Ivoire avec un siège à Abidjan, nous sommes aussi présentes au Sénégal, en Mauritanie, au Togo et au Burkina Faso.

Titulaire d’un bachelor en administration des affaires et d’un master en études de développement, je me suis intéressée aux questions de paix et de sécurité en allant étudier à La Haye (Pays-Bas), aux questions de diplomatie préventive à Johannesburg (Afrique du Sud) et à la gestion stratégique des projets à l’Université Harvard (États-Unis), après avoir rencontré l’ancien Président Barack Obama. Voilà pour mon parcours académique.

À Abidjan, je suis aujourd’hui le point focal du réseau « Femwise » de l’Union africaine, mais également la pionnière du Réseau African Women Leaders Network, initié par ONU Femmes et l’Union africaine en 2018, et qui regroupe les femmes les plus influentes du Continent. J’ai 29 ans, je suis mariée (épouse Kouassi) et j’ai trois enfants.

APP – C’est à Abidjan que tout a commencé ?

Sefora KODJO – C’est en effet à l’Université d’Abidjan, où je faisais mes études, que tout a commencé. Ayant grandi dans un écosystème qui ne favorise pas forcément le leadership des femmes, je me suis intéressée à la présidence du bureau des étudiants, pour laquelle aucune femme n’avait jamais postulé !

Je me suis heurtée à beaucoup d’appréhensions et j’ai alors pris conscience que, même au plan international, la question du leadership des femmes était parfaitement d’actualité. J’ai décidé à mon tour de pousser cet agenda dans mon propre pays, la Côte d’Ivoire.

J’ai été nommée Présidente des étudiants en 2010 et beaucoup de femmes de l’Université sont alors venues me voir en me sollicitant de les coacher et de les former. Ma prise de parole les avait libérées et inspirées. Ma confiance en moi les rassurait et elles étaient nombreuses à vouloir développer un plus grand potentiel personnel. Ce fut le début de l’aventure.

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« Ma plus grande joie, les voir repartir de nos formations complètement transformées ! »

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APP – Et vous faites alors de la formation des femmes votre spécialité, pour ne pas dire votre métier ?

Sefora KODJO – C’est comme cela en effet que je commence à former les femmes de mon Université qui me ramènent leurs amies, que je forme à leur tour, et qui elles-mêmes m’envoient d’autres amies provenant d’autres écoles. Au fur et à mesure, l’association se crée et rayonne dans plusieurs autres écoles et Universités de la place.

Puis j’ai voulu me spécialiser. J’ai vu et vite compris que toutes les questions liées aux droits des femmes et à leur leadership étaient liées à leur autonomisation. Tant que les femmes ne seront pas fortes économiquement, on ne pourra pas faire évoluer cet agenda. C’est pourquoi la plus grande partie de notre travail, notre principale mission aujourd’hui, vise à l’autonomisation des femmes.

Ma plus grande joie, c’est de voir les jeunes filles et les femmes qui viennent participer à nos programmes et en repartent complètement transformées !

Sefora KODJO participait à Abdijan aux manifestations des 80 ans de l’AFD, mardi 12 octobre 2021. © DR

APP – Vous avez eu également un parcours plus politique ?

Sefora KODJO – Dans une vie antérieure, j’ai été chargée d’études au ministère ivoirien de la Jeunesse, où j’ai vraiment commencé ma carrière professionnelle. Puis je me suis retrouvée directrice du porte-parolat du gouvernement au ministère de la Communication et des Médias, pour lequel je devais organiser tous les points de presse et communiqués au niveau national comme sur la scène internationale.

Nommée ensuite conseillère technique, j’ai démissionné en 2019 pour me consacrer à mon activité centrée sur les femmes et, depuis cette date, je dirige Sephis à temps plein.

Depuis que nous avons grandi et réussi à avoir des partenaires sérieux, j’ai compris que ma présence devenait nécessaire à la tête de l’organisation pour pouvoir favoriser sa croissance.

APP – Que représente aujourd’hui Sephis ? Quelle est sa « force de frappe » ?

Sefora KODJO – Nous avons aujourd’hui une communauté de plus de 500 volontaires et nous comptons déjà plus de 16 000 bénéficiaires de nos actions en douze ans.

Sephis s’est ainsi positionnée en Afrique de l’Ouest comme l’une des meilleures organisations qui accompagnent les femmes : ce sont elles les ambassadrices de notre programme de formation. Elles en parlent sur notre plateforme et on peut en voir les résultats concrets. Beaucoup d’entre elles ont des solutions et font déjà des choses très intéressantes à un niveau local. Nous, on essaie de les faire connaître et de leur donner une visibilité au niveau national et, pour les plus conquérantes, au niveau international.

Si on a commencé avec des étudiantes il y a plus de dix ans, aujourd’hui on travaille davantage avec des femmes entrepreneures parce que notre stratégie a évolué. On a compris qu’il faut se focaliser en priorité sur l’autonomisation des femmes.

APP – Concrètement, comment fonctionne votre Fondation ?

Sefora KODJO – Financièrement, nous sommes accompagnés par des partenaires au développement. Financés au départ par le Département d’État américain, puis par l’Unicef, Sephis est maintenant soutenu par la Coopération allemande en Côte d’Ivoire, grâce à la GIZ.

Au début nous étions une association, formée essentiellement de bénévoles, et nous sommes devenus une Fondation, une entreprise à part entière qui fonctionne et vit principalement de partenariats avec des structures de développement qui s’avèrent efficaces.

Concrètement, nous avons à Abidjan un staff d’une dizaine personnes, prises en charge par la coopération allemande, et une villa qui nous sert de bureau à Angré.

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« Nous aidons les Africaines à avoir plus d’ambition »

APP – Comment résumer votre visite en France ?

Sefora KODJO – Je suis venue ici toute la semaine pour participer aussi bien à Ambition Africa à Bercy, au BIG présentement et au Nouveau Sommet Afrique-France de Montpellier autour du Président Emmanuel Macron.

Cela m’a permis essentiellement de faire du réseautage. Car on a bien compris que, dans l’écosystème, il faut connaître les bons acteurs et l’information est la clé : il faut être présent là où l’on partage les bonnes infos. Il était nécessaire de venir pour voir les innovations et voir comment améliorer la qualité de nos programmes.

Au BIG, je visite les stands, je vois les solutions que les spécialistes proposent et j’imagine comment celles-ci seraient adaptables chez nous. Je fais de belles découvertes et je tente de m’en inspirer pour notre communauté féminine africaine. Le réseautage sert à créer des synergies de travail pour accompagner nos bénéficiaires et les aider à grandir.

APP – Un dernier message à l’adresse des Africaines ?

Sefora KODJO – Je crois que les jeunes femmes africaines ont tout en elles-mêmes pour se développer. Elles sont de nature très compétentes quand elles sont sur le terrain, mais il faut parfois les aider à réaliser leur plein potentiel, à avoir davantage confiance en elles. C’est le travail que nous faisons au quotidien depuis une douzaine d’années. Qu’elles découvrent leurs capacités et qu’elles aient plus d’ambition, qu’elles croient en elles !

Les questions de genre et de participation des femmes vont évoluer. Que l’on nous laisse une place pour respecter un quota de femmes n’est pas dans ma philosophie. Il convient de nous donner une plus grande place parce que nous avons des femmes compétentes et qui savent de quoi elles parlent. Les femmes doivent s’imposer par elles-mêmes, chercher à améliorer leurs compétences, leur formation et aussi leur participation.

EN SAVOIR PLUS :

www.fondationsephis.org

https://www.africapresse.paris/Big2021-Sefora-KODJO-PCA-de-la-Fondation-Sephis-Cote-d-Ivoire-L-autonomisation

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