vendredi, mars 14, 2025

Entrepreneuriat féminin en Algérie : La frilosité des banques mise à l’index

Les femmes chefs d’entreprise algériennes ont tendance à être perçues comme des femmes qui ont besoin d’être toujours assistées.

Elles sont rarement, pour ne pas dire jamais, considérées comme des femmes capables de valoriser l’entreprise autant que les hommes, de s’assumer seules ou d’assister les autres. Les préjugés culturels et sexistes, les discours générés, répandus dès le plus jeune âge, y sont pour quelque chose.

La mobilisation doit, à ce titre, s’intensifier pour que cet état de fait puisse changer.» Ce reproche et cet appel de l’une d’entre elles, Nadia Habes, industrielle, actionnaire dans un grand groupe familial, trois laboratoires de production de médicaments et dermo-cosmétiques, basé entre Annaba et El Tarf, en dit long sur le manque de confiance à l’égard des compétences et des qualifications professionnelles des femmes entrepreneures algériennes.

Si elles restent sous-représentées et timidement visibles dans le paysage des affaires, bien que plus d’une étude sociologique le confirme, l’envie entrepreneuriale est aussi identique chez les femmes que chez les hommes, à cause d’un différentiel de soutien, encore assez criant, des acteurs traditionnels de l’économie, tels que les banques, grandes entreprises, institutions et les structures d’accompagnement.

Des chiffres en trompe-l’œil

Selon les dernières statistiques de l’Association des femmes chefs d’entreprise Savoir et vouloir entreprendre (SEVE), notre pays comptait, en 2018, environ 150 000 femmes chef d’entreprise (hors professions libérales et activités agricoles) sur un total de plus de 1,96 million de chefs d’entreprise, soit 7,6% de la population d’affaires.

Bien qu’elle demeure assez faible comparativement aux standards internationaux, africains en particulier, la tendance, toujours selon SEVE, serait à la hausse ; la création d’entreprises par les femmes en Algérie aurait progressé de 25% au cours de ces cinq dernières années. Aussi, un bond de 16% par rapport à 2015 et 23% par rapport à 2012. Plus de 13% de ces femmes seraient à la tête de PME et PMI. Or, «en réalité, ce taux ne saurait dépasser les 3%.

Dans ces statistiques, si l’on s’est basé sur le nombre de registres du commerce, tout le monde sait que la pratique des prête-noms est très répandue dans notre pays. Nombre de mes consœurs s’accordent à dire que sur ces quelque 150 000 femmes chefs d’entreprise, à peine 5000 le sont concrètement.

Aussi, il suffit de quelques recherches pour s’apercevoir que le plus grand nombre d’entreprises se créent avec des registres de commerce portant sur des activités traditionnelles (pâtisserie, coiffure, couture, esthétique, artisanat…). Ce n’est pas pour les dévaloriser, loin s’en faut, mais ce n’est certainement pas ce type d’activités qui va faciliter l’épanouissement de l’entrepreneuriat féminin et contribuer au développement et à la croissance économique tant espérés», estime Mme Habes.

Et d’ajouter : «Il ne faut pas se voiler la face, nous l’avions dit depuis nombre de tribunes, et nous le répétons, une fois encore, chez nous, l’entrepreneuriat féminin est synonyme de coiffure, couture, production artisanale, garderie d’enfants, petits services ou pâtisserie, activités qui ne requièrent pas de gros moyens financiers.

Mais rien, absolument rien, ne justifie le fait que les femmes soient et restent cantonnées à ces secteurs d’activité traditionnelle.» A l’en croire, le système bancaire y est pour quelque chose puisque beaucoup de femmes tentées par l’aventure entrepreneuriale et porteuses de projets économiquement solides et prometteurs hésitent à s’y lancer et un nombre significatif d’entre elles renoncent en cours de route du fait de l’accès de plus en plus limité aux services financiers.

Cette appréhension, l’une des causes majeures d’abandon des projets féminins de création d’entreprises a, toujours selon cette industrielle, «de multiples origines, dont et surtout la peur de l’échec, du risque pesant sur le patrimoine du foyer et donc de la famille, et ce, outre beaucoup d’autres facteurs d’inhibition et d’auto-disqualification».

D’où son appel à l’adresse des autorités nationales à pallier la frilosité des banques, de plus en plus perceptibles à l’égard des projets féminins dans le domaine du grand business, ce persistant béta-bloquant les exhortant à s’inspirer des modèles européens et certains pays arabes et africains où existent des fonds de garantie exclusivement dédiés à la création, la reprise ou au développement d’entreprises à l’initiative des femmes. Mis en place, ce fonds «pourrait être d’un apport indéniable dans la promotion du partenariat féminin algérien.

Source : elwatan.com

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