vendredi, avril 19, 2024

Les Panafricaines veulent changer le visage de la migration

Elles veulent changer la façon dont on parle des migrations, en Afrique d’abord, puis dans le monde, rien de moins. Cette année, les Panafricaines, un réseau de 200 femmes journalistes représentant les 54 pays du continent africain, ont choisi de consacrer leur attention aux grands mouvements migratoires qui agitent le continent et, ce faisant, de donner une voix aux femmes.

« On a voulu passer à l’action et on a choisi, à l’unanimité, de traiter de la question migratoire », explique la journaliste marocaine de Radio 2M Fathia El Aouni. « En tout cas, en changer le traitement médiatique, changer le visage de la migration et en parler un petit peu différemment. »

Et il fallait que ce soit les Panafricaines, explique l’instigatrice du regroupement, car « un réseau ne suffisait pas ».

À la conférence de Marrakech, qui s’est conclue par l’adoption du Pacte mondial sur les migrations de l’ONU, elles étaient 10 membres du réseau à tendre leur micro, se présentant toujours fièrement comme Panafricaines lors de chaque conférence de presse.

Pour Afiwa Mata, journaliste à Radio Soleil FM en République de Guinée, les membres du réseau ne cherchent pas à réinventer l’information, mais à raconter les événements de leur point de vue d’Africaines. Un tel réseau, croit-elle, doit permettre de donner une voix aux femmes, souvent absentes de débats comme celui de la migration.

Or, la migration, elles connaissent, elles qui se déplacent beaucoup d’un pays à l’autre en Afrique de l’Ouest pour faire du commerce.

Les routes sont très peu sécuritaires, souligne d’ailleurs la journaliste de Radio Soleil FM. Les femmes y sont « exposées au viol, à tous ces trafiquants non seulement qui les extorquent, mais qui ont aussi la capacité et la possibilité de les toucher dans leur intégrité, dans leur dignité ».

Parce qu’il fallait élever la voix

Pour Ourey Thiam, journaliste à la télévision publique du Sénégal, RTS, les Panafricaines, c’est un « réseau de plaidoyer, de partage et de combat ».

On a compris qu’il fallait élever nos voix, qu’il fallait parler au public africain et non africain, et c’est aujourd’hui le sens de notre engagement.

Elle n’y voit pas de contradiction avec le devoir de réserve propre au métier. « Ça ne nous dérange pas, dit-elle, parce que chacune de nous a une implication, qu’on le dise ou pas. »

« Aujourd’hui, les plus grands médias dits indépendants ont des positions. Quelle est la position du Washington Post? Quelle est la position de France 24? », soutient la journaliste sénégalaise. « Chacun a une conviction et, qu’on le dise ou non, nos lignes éditoriales répondent à certaines réalités qui transcendent nos statuts. »

Elle ajoute qu’il ne s’agit pas de déformer la réalité, mais de tout dire, y compris ce que certains ne disent pas en Afrique. Elle donne en exemple le fait que les quatre cinquièmes des migrations sur le continent sont intra-africaines, mais qu’on n’en parle pas, parce qu’on ne cible que les migrants qui quittent l’Afrique.

Selon la Guinéenne Afiwa Mata, une meilleure couverture de ce qui pousse les jeunes à quitter leur pays pourrait changer les choses, parce qu’on verrait alors qu’il y a derrière ces mouvements des problèmes de gouvernance, d’horizons bouchés pour les jeunes qui sont poussés au désespoir.

Il faut repenser la gouvernance, insiste-t-elle.

Le réseau des Panafricaines a beaucoup retenu l’attention depuis sa création le 8 mars 2017, à l’occasion de la Journée internationale des femmes. Plus de 200 entrevues ont été accordées.

Elles souhaiteraient maintenant pouvoir faire des représentations auprès de l’Union africaine. Et à l’ONU pourquoi pas. Le proverbe africain « Seules on ira plus vite, mais ensemble on ira plus loin » les inspire, dit Fathia El Aouni.

Radio canada

 

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