Felwine Sarr est un écrivain, économiste, universitaire et musicien sénégalais. Le Professeur Sarr s’entretenait avec nos confères de Senenews (Journal en ligne sénégalais) sur le débat de la faible présence des femmes dans le nouveau gouvernement. Dans cet entretien, l’économiste a abordé plusieurs points relatifs à l’actualité sénégalaise tels que l’élection présidentielle, le franc CFA ainsi que la représentation des femmes depuis la publication des membres du nouveau gouvernement dirigé par Ousmane Sonko.
En effet, le nouvel attelage gouvernemental compte 25 ministres, dont seulement quatre femmes : aux Affaires étrangères, aux Pêches, à la Famille, à la Jeunesse et la Culture.
Depuis l’annonce de la liste, la faible présence des femmes dans ce premier gouvernement d’Ousmane Sonko relance le débat sur la place des femmes en politique.
Felwine Sarr n’a donc pas manqué de s’exprimer lors son interview dans ce débat qui fait l’objet de nombreuses critiques depuis plusieurs jours, ayant suscité la mobilisation des organisations féministes.
Selon l’écrivain sénégalais, « la politique ce sont aussi des actes symboliques. Je crois qu’il y a une vraie sous-représentation des femmes dans le gouvernement (4 sur 30) ».
L’économiste explique « qu’elles représentent 49,6% de la population totale et donc il était important que le gouvernement reflète cela. Sur le plan économique, elles représentent 80% de la force de travail dans le monde rural et agricole, mais ne possèdent que 2% des terres. Quand on regarde les statistiques sur la pauvreté au Sénégal, 33% des femmes vivent en dessous du seuil de pauvreté (2,15 dollars par jour) et 94% des femmes travaillent dans le secteur informel et elles ont trois fois plus de chances de ne pas être employées, alors qu’elles représentent 40% de la force de travail dans le pays. Dans les ménages, les travaux démontrent que lorsque l’on accroit le bien-être et la prospérité des femmes, il y a un effet bénéfique pour toute la famille, y compris en éducation et en santé ».
Pour l’universitaire, « Le ministère de la femme me semble nécessaire car elles ont des problématiques qui leur sont spécifiques ; mais également une économie féministe, c’est-à-dire qui prend en compte et améliore la condition des femmes, parce qu’on ne peut pas avoir de la prospérité dans le pays si la moitié du corps social est victime d’un certain nombre d’handicaps et d’asymétries ».
« Dans tous les domaines on trouve des femmes qui sont très compétentes et capables de diriger des ministères, c’est une revendication tout à fait normale et légitime », a-t-il conclu.
Pour rappel, au Sénégal, la loi sur la parité a été votée le 14 mai 2010 par l’Assemblée nationale. Elle stipule que la moitié des candidats de chaque parti doivent être des femmes. Adoptée par le Sénat le 19 mai, elle a été promulguée le 28 mai 2010. Cependant, elle ne concerne pas les nominations gouvernementales.