dimanche, mars 16, 2025

La Journée Internationale de la Femme Africaine (JIFA) : Une journée à inscrire dans l’agenda des défenseurs (es) des droits de la femme africaine !

Le 31 juillet  a été consacré Journée Internationale de la Femme Africaine (JIFA). Une date historique, une journée de haute facture, mais qui, malheureusement, demeure méconnue. En effet, contrairement  à la journée du 08 Mars, Journée Internationale de la Femme, célébrée partout à travers le monde avec une forte mobilisation, la célébration de la JIFA ne suscite pas le même engouement, particulièrement dans les pays africains.

L’idée d’une JIFA serait née à Dar Es Salam en 1962,  à l’initiative de AOUA KEITA[1], militante et première femme députée malienne. Après les indépendances, malgré les différences ethniques et linguistiques, les femmes de tout le continent africain ont senti la nécessité de conjuguer leurs forces, de travailler en synergie autour d’un idéal commun notamment celui de contribuer à l’amélioration des conditions de vie de la femme africaine et à son émancipation.

C’est ainsi qu’elles se sont rencontrées pour la première fois à Dar Es Salam au Tanganyika, actuelle Tanzanie, le 31 juillet 1962.  Elles ont mis en place la première organisation de femmes africaines dénommée « la Conférence des Femmes Africaines », laquelle, deviendra « l’Organisation Panafricaine des Femmes (OPF) ».  Suite à cette rencontre, la JIFA a été promulguée par les Nations Unies en 1962, avant d’être officiellement consacrée le 31 juillet 1974, lors du premier Congrès de l’Organisation panafricaine des femmes à Dakar.

Depuis cette date, du chemin a été parcouru par les femmes.  En Afrique, des femmes ont marqué l’histoire[2] par le rôle important qu’elles ont eu à jouer au sein de leurs pays. Les femmes, affichant de plus en plus, un leadership avéré, sont de plus en plus déterminées, à travers un combat constant, à satisfaire cette ambition légitime de pouvoir contribuer à la consolidation de la démocratie et au développement durable de leur pays.

Elles font preuve d’audace et se donnent les moyens de faire des études supérieures pour pouvoir prétendre à des postes de responsabilité. Elles briguent des postes de présidentes, ministres, chefs d’entreprise, agricultrices, chefs de service, etc. Elles s’imposent dans l’échiquier politique, en se frayant un chemin dans les instances de décision. Autant de responsabilités qu’elles conjuguent avec une vie d’épouse, de mère et de femme leader.

De 1974 à nos jours, les droits des femmes en Afrique semblent connaitre une évolution majeure. A l’instar de la communauté internationale, les Etats africains ont adopté, dans le cadre de l’OUA, actuelle UA, de nombreux instruments régionaux dans le but de protéger les femmes. Il s’agit notamment :

  • du protocole additionnel à la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des peuples relatifs aux droits des femmes en Afrique, communément appelé « Le Protocole de Maputo », adop­té le 11 juillet 2003 par l’Union Afri­caine à Ma­pu­to, au Mo­zam­bique et entré en vi­gueur en no­vembre 2005.

[1] Pour plus d’informations sur Aoua KEITA, voir https://fr.wikipedia.org/wiki/Aoua_Ke%C3%AFta

[

  • de la Déclaration Solennelle pour l’Egalité de Genre en Afrique adopté par les Chefs d’Etat et de Gouvernement des Etats membres de l’Union africaine, en Juillet 2004 à Addis Abeba (Ethiopie)
  • de la Charte africaine de la Démocratie, des Elections et de la Gouvernance adopté le 30 janvier 2007[1] ,
  • du Protocole à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples relatifs aux personnes âgées adopté le 31 janvier 2016 ainsi que
  • du protocole relatif aux personnes vivant avec un handicap.

Au chapitre de ces avancées, on peut également citer l’Acte additionnel relatif à l’égalité de droits entre les femmes et les hommes pour le développement durable dans l’espace CEDEAO, adopté le 19 mai 2015 lors de la 47ème Session ordinaire de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement tenue à Accra au Ghana.

Nombre de ces textes cités ont été signés et ratifiés par beaucoup d’Etats africains, dont le Sénégal. En effet, il faut noter qu’au Sénégal des avancées significatives ont été enregistrées à travers l’adoption de plusieurs lois et décrets dans différents domaines. Il s’y ajoute la mise en place de plusieurs programmes et politiques contribuant à l’autonomisation des femmes tels que le Plan d’Action National de lutte contre les VBG[2], la Stratégie Nationale pour l’Equité et l’Egalité de Genre (SNEEG 1 et 2)[3] entre autres [4].

Toutefois, cet arsenal juridique aussi bien laborieux que propice, ne semble pas suffire pour assurer une effectivité des droits des femmes. Ces dernières font encore l’objet de nombreuses discriminations émanant de considérations socio-culturelles, mais aussi parfois des lois nationales. Les femmes sont toujours sous représentées dans les instances de décisions. Elles sont les principales victimes des violences basées sur le genre.

Il est donc urgent et important de rallumer la flamme des femmes africaines qui ont été à l’origine de la JIFA.Chaque année, cette journée devrait être l’occasion de faire le bilan  de l’effectivité des droits  des femmes en Afrique.


[1] https://www.persee.fr/docAsPDF/afdi_0066-3085_2008_num_54_1_4040.pdf

[2] Le Sénégal dispose de son premier Plan d’action national pour l’éradication des VBG et la promotion des Droits humains (PAN/VBG/DH). Ce document multisectoriel (2017-2021) mis en œuvre a généré comme résultats primaires, les plans d’actions régionaux. Le PAN/VBG/DH touche tous les aspects de la lutte contre les violations des droits des femmes et de la violence intra familiale. L’assistance juridictionnelle pour les victimes de viol est garantie ainsi que l’assistance psycho-sociale

[3] La SNEEG 2 était planifiée pour une période de dix ans (2005-2015). Elle a contribué à faire progresser l’égalité et l’équité dans les domaines prioritaires retenus et à améliorer la situation des femmes grâce à une réelle réduction des inégalités qui les affectent négativement. Elle a fait l’objet d’une révision en 2015. Cette révision a permis de mettre en place la SNEEG 2. Elle est mise en place pour la décennie 2016-2026. Elle a pour objectif de disposer d’un cadre stratégique et opérationnel d’intégration du genre dans les politiques et programmes de développement qui soit en cohérence avec les orientations stratégiques et les priorités d’action du Plan Sénégal émergent. Elle vise à garantir l’autonomisation des femmes et la promotion de l’égalité des femmes et des hommes. Elle contribue à lutter contre les inégalités sociales et à donnera aux femmes l’opportunité de contribuer au processus de développement. Aussi, il vise à Développer un plaidoyer pour l’intégration du genre dans les processus de planification et de budgétisation.

[4] Parmi ces programmes on peut citer la Stratégie Nationale de Protection de l’Enfant (SNPE), Le Programme d’urgence de développement communautaire (PUDC), La Délégation à l’entrepreneuriat rapide (DER), Le Fonds de Garantie des Investissements Prioritaires (FONGIP), la Couverture Maladie Universelle(CMU).

Elle permettrait de maintenir perpétuellement allumée cette flamme de l’engagement, du dévouement et du leadership des femmes et des filles africaines, afin qu’elles puissent relever tous les défis que la promotion et la défense de leurs droits sur le continent leur imposent.

Le 31 juillet, une date donc à retenir et à  inscrire dans l’agenda des acteurs de promotion des droits des femmes !!!

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