Le Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP) affirme vouloir continuer à lutter contre la mortalité maternelle et néonatale en Afrique, y compris au Sahel, où les organisations internationales sont parfois sous pression des juntes au pouvoir, a affirmé sa directrice Diene Keita à l’AFP mercredi.
Au Sahel, les organisations internationales et ONG font face à des défis sécuritaires avec la présence de groupes jihadistes, mais aussi à la méfiance voire l’hostilité des juntes militaires qui gouvernent le Mali, le Burkina Faso et le Niger.
Au Burkina Faso par exemple, les militaires au pouvoir ont révoqué en l’espace d’un mois l’autorisation d’exercer de 21 ONG entre juin et juillet pour raison administrative, selon eux, et suspendu dix autres associations pour une durée de trois mois.
La junte a également déclaré mi-août « persona non grata » la coordonnatrice résidente de l’ONU, la Mauricienne Carol Flore-Smereczniak.
« Nous travaillons dans toutes les conditions », a assuré à l’AFP la Guinéenne Diene Keita, nommée fin juin à la tête du FNUAP, à l’occasion d’un déplacement en Côte d’Ivoire.
« On a eu des instructions très claires: rester et travailler », a-t-elle martelé, assurant « continuer à travailler avec les gouvernements ». L’Afrique de l’Ouest et du Centre sont des régions aux « taux les plus élevés » en matière de mortalité infantile et maternelle, a expliqué Mme Keita.
Le Niger (114 pour 1.000 naissances) et le Mali (91 pour 1.000 naissances) font par exemple partie des pays où le taux de mortalité avant cinq ans est le plus haut au monde.
La mortalité maternelle y est également élevée: 350 femmes pour 100.000 naissances au Niger, 367 au Mali ou encore 381 en Mauritanie, contre moins de 10 dans les pays développés.
« Les Etats n’ont pas encore décidé que les femmes et les jeunes étaient leur priorité essentielle », a regretté Mme Keita. « Aucune femme ne doit mourir en donnant la vie », a-t-elle insisté.
Malgré la situation politique de certains pays de la région, « tous nos programmes de santé maternelle se déroulent bien », a assuré la directrice de l’organisme onusien, en mentionnant l’existence de centres de lutte contre les violences basées sur le genre dans plusieurs pays ouest-africains, dont le Burkina Faso et le Niger.
« Nous faisons des formations et nous partons nous-mêmes avec nos équipes partout où il faut pour pouvoir aider les femmes et les jeunes », a-t-elle poursuivi, notamment pour mettre à disposition des produits de santé et de contraception.