Des réalisatrices africaines originaires de six pays ouest-africains ont exprimé leur détermination à changer le narratif sur les femmes à l’écran, à l’occasion d’une table ronde organisée à Dakar sur le thème : « Porter nos voix : enjeux et puissance des récits au féminin » rapporte l’Agence de presse sénégalaise (APS)
Selon la même source, Réunies dans le cadre du Fonds Maïssa, un programme de soutien initié par l’ambassade de France au Sénégal, les bénéficiaires ont plaidé pour une meilleure représentation des femmes dans les récits audiovisuels, à travers des histoires ancrées dans leurs réalités, loin des stéréotypes.
« Représenter autrement la femme, la fille sénégalaise à l’écran n’est pas un fardeau, mais une obligation », a souligné la réalisatrice et actrice sénégalaise Mamyto Nakamura, rappelant la dimension politique et militante des récits féminins.
De son côté, la Cap-Verdienne Samira Vera-Cruz a invité à déconstruire les clichés exotiques souvent véhiculés sur les femmes africaines. « Il y a plus que des visages jolis au Cap-Vert. Nos histoires doivent refléter toute notre complexité », a-t-elle affirmé, en évoquant son dernier film sur une scientifique engagée contre les feux de brousse.
La Bissau-Guinéenne Babetida Sadjo a, quant à elle, exhorté les femmes du cinéma à intégrer les espaces de décision pour faire entendre leurs voix. « Osez enfanter vos histoires, osez siéger dans les jurys, osez refuser les récits qui trahissent nos luttes », a-t-elle lancé avec force.
La scénariste et productrice Kalista Sy, connue pour la série « Maîtresse d’un homme marié », a rappelé que sa narration s’inspire de son quotidien : « J’ai grandi avec des femmes fortes. Pourquoi devrais-je écrire des personnages qui ne le sont pas ? ».
Le Fonds Maïssa , lancé le 8 mars 2024, a soutenu à ce jour quinze projets portés par des femmes, dont neuf Sénégalaises, dans six pays d’Afrique de l’Ouest : Sénégal, Cap-Vert, Gambie, Guinée, Guinée-Bissau et Mauritanie.
L’ambassadrice de France, Christine Fages, a salué le rayonnement des talents africains féminins, affirmant que « soutenir les femmes dans les industries culturelles, c’est soutenir une société plus juste et inclusive ». Elle a également rendu hommage à la marraine du Fonds, Aïssa Maïga, dont la présence à Dakar symbolise l’engagement pour des récits féminins puissants et nécessaires.
Selon le directeur de la Cinématographie du Sénégal, Germain Coly, il est temps que « les voix féminines résonnent plus fort dans le secteur audiovisuel », appelant à une mobilisation collective pour accompagner cette dynamique.
Le Fonds Maïssa s’affirme ainsi comme un incubateur de récits portés par des femmes africaines, pour une narration plus juste, plus diverse, et profondément ancrée dans les réalités de leurs sociétés.