Votre média en Ligne LesAfricaines a l’honneur de recevoir Mme Lourença Lopes Moreno Tavares, une figure emblématique du secteur associatif et la fondatrice de l’ONG ACRIDES. Passionnée par les droits humains et l’engagement social, Lourença a consacré sa carrière à défendre les causes des plus vulnérables et à promouvoir les enfants au Cap Vert. À travers ACRIDES, elle a mis en place des initiatives innovantes qui ont eu un impact significatif sur les communautés locales notamment les enfants et les familles. Dans cette interview, nous explorerons son parcours inspirant, les défis qu’elle a rencontrés et sa vision pour un avenir meilleur. Découvrons une femme déterminée, dont l’engagement fait la différence au quotidien.

Lourença Lopes Moreno Tavares, vous êtes la Fondatrice et Présidente de l’ONG ACRIDES dédié à la promotion et Protection des Droits des Enfants au Cap vert, pouvez-vous nous parler de votre parcours ?
Née à Luanda en Angola et détentrice d’un diplôme en travail social de l’Institut supérieur des sciences juridiques et sociales du Cap-Vert, j’ai fondé en 1998 ACRIDES – Associação Crianças Desfavorecadas, une ONG à but non-lucratif de référence dans la promotion et la défense des droits et des devoirs des enfants et de leurs familles. Je suis la Coordinatrice du Réseau National pour la Protection des Enfants contre les Abus et l’Exploitation Sexuels et la promotrice de la création de la Coalition capverdienne pour les droits de l’enfant à travers l’ONG américaine Save the Children Sénégal. J’ai été Coordinatrice Nationale du Programme BÔ KI TA DISIDI, du Ministère de la Jeunesse, Directrice de la Résidence Étudiante Mère Teresa de Calcutta, Conseillère des Centres de BORNEFONDEN.

J’ai a été la fondatrice du groupe folklorique culturel « Sementera » et du « Collectif des Partenaires Afro-Lusophones », une association d’émigrés lusophones dans le but de promouvoir la coopération Sud-Sud, et la réinsertion des émigrés. Aujourd’hui, en plus d’occuper la Présidence de l’ONG ACRIDES, j’ai également été première vice-présidente de la Plateforme des ONG du Cap-Vert et membre de plusieurs organismes internationaux, à savoir le Réseau ouest-africain pour la protection de l’enfance, le Service social international ; l’Organisation mondiale de la famille, Représentante au niveau de l’Union africaine des ONG de développement au Cap-Vert.

J’ai reçu le prix « Africa is More » pour mon travail en faveur de la protection de la défense et des droits de l’enfant et a été honorée du Certificat d’Excellence 2020 par l’Observatoire de la Citoyenneté du Cap-Vert. J’ai été honorée par le président français François Holland en mars 2013 en tant que femme militante, sociale africaine, et année 2022, j’ai gagné le prix franco-allemand des droits des humains.
Qu’est-ce qui a motivé la création de cette organisation ?
Grâce à mon expérience en tant qu’éducatrice sociale, j’ai eu l’opportunité de travailler dans le domaine de l’enfance, en particulier à la Mairie de Praia, où j’ai pu collaborer avec les enfants de la rue. Par la suite, j’ai pris part au projet « Santé Sexuelle et Reproductive des Adolescents » au sein de la Direction Générale du Centre de la Jeunesse afin de soutenir les adolescents qui ont été victimes d’abus sexuels. C’est à ce moment-là que j’ai eu l’idée de fonder une association visant à protéger les enfants et à promouvoir leurs droits, dans le but de répondre à leurs besoins, en particulier ceux qui sont vulnérables. En mars 1998, j’ai sollicité mes ami.e.s et collègues afin de réaliser la présentation publique et la première Assemblée Générale de l’association dédiée aux personnes handicapées.

Quels types d’activités menez-vous pour promouvoir et protéger les droits des enfants au Cap-Vert ?
L’Association s’engage dans quatre secteurs : l’éducation avec des activités extra-scolaires, des programmes liés aux journées proclamées par les Nations Unies et dédiées aux enfants ; la protection sociale pour soutenir les familles ; la santé avec des foires dans les communautés pour acheter des médicaments et des traitements, notamment à l’étranger ; le volontariat qui cherche à aider les jeunes à s’intégrer et à promouvoir l’inclusion et la promotion de la dignité humaine.

Quelles sont les réalisations dont vous êtes la plus fière depuis la création d’ACRIDES ?
Nous avons réussi à soutenir des enfants vulnérables et défavorisés dans leur reprise des études et leur réussite scolaire. Certains se sont formés professionnellement et d’autres ont pu accéder au niveau de l’enseignement supérieur. Les mères en situation d’exclusion et de vulnérabilité ont également bénéficié d’un soutien pour devenir des entrepreneures.

Quels sont sont vos principaux défis et comment et comptez-vous surmonter ces obstacles ?
Nous faisons face à une difficulté en matière de ressources humaines. Les individus qui collaborent avec nous ont souvent tendance à quitter dès qu’ils trouvent un emploi ailleurs. Nous avons besoin de ressources financières afin de recruter du personnel. Il est primordial que le Gouvernement nous considère comme l’un de ses principaux partenaires et nous assure une prise en charge financière mensuelle, ce qui nous permettra d’avoir une équipe permanente et professionnelle.

ACRIDES collabore-t-elle avec d’autres organisations ou institutions ? Si oui, pouvez-vous nous donner quelques exemples ?
Dans le cadre du programme extrascolaire, ACRIDES travaille en collaboration avec le Ministère de l’Éducation pour réduire l’abandon scolaire et la réprobation. Dans cette situation, nous engageons des jeunes volontaires en échange qui ont en même temps la possibilité de poursuivre leurs études au sein du Centre de Formation Professionnelle. Des partenaires bilatéraux tels que la Coopération Portugaise, l’Ambassade des États-Unis au Cabo Verde et l’ONG ECPAT Lux nous ont également aidé à mettre en place de vastes projets visant à protéger les enfants victimes d’abus et d’exploitation sexuelle.

Quelles initiatives avez-vous mises en place pour sensibiliser la population aux droits des enfants ?
Nous collaborons avec l’ensemble de la communauté pour élaborer le diagnostic participatif afin de leur offrir la possibilité de contribuer. Outre la diffusion des rapports annuels avec nos partenaires financiers, nous effectuons également des campagnes en fonction des thématiques avec les ministères concernés.

Quelles sont les perspectives de l’Association ACRIDES ?
Depuis près de 30 ans, l’association travaille activement. Nous cherchons actuellement un sponsor pour la construction d’un Centre de Protection Professionnelle pour les enfants ainsi qu’un siège pour l’Association. Nous disposons déjà de quelques partenaires tels que le PORT DE CABO VERDE et le Ministère de l’Éducation, mais nous avons toujours besoin d’un soutien du gouvernement afin de réaliser notre mission avec succès. Un nouveau projet de ACRIDES, intitulé « Réseau Enfant Ambassadeur des Droits des Enfants et Droits Humains », vise à former les enfants aux compétences : « Du Savoir Être, Savoir Faire, Savoir Agir – Moi et l’Autre », en prenant en considération les droits des enfants et les droits humains. Cela nous offrira la possibilité de contribuer à la nouvelle génération d’hommes et de femmes, et surtout de poursuivre la préservation des droits des enfants.

Propos recueillis par Ndeye Magatte KEBE, Fondatrice LesAfricaines