Ipar think Tank en collaboration avec OSIWA a organisé, le 30 Août 2024 à l’hôtel Onomo de Dakar un atelier méthodologique du projet de « Protection des droits des femmes migrantes Africaines dans les pays du Golfe et du Moyen-Orient ». C’étaiten présence du Dr Cheikh Oumar Ba, directeur exécutif de Ipar Think Tank, de Monsieur Ibrahima Kane conseiller spécial du directeur exécutif de l’Open Society Foundation-Africa (OSIWA) en charge du plaidoyer sur l’Union Africaine ainsi que les acteurs à différents niveaux travaillant sur la question migratoire.
L’objectif de l’atelier portait sur le projet à la connaissance du public et d’harmoniser la compréhension de la méthodologie et les étapes de sa mise en œuvre.
A l’entame des travaux, M. Ibrahima Kane de Open Society a présenté une vision globale de la migration, notamment celle des africains, dont 8 sur 10 se déplacent à l’intérieur du continent. Il a également abordé les lois internationales sur la migration, qui ne sont ratifiées que par les États du Sud, à l’exception de la Turquie, ce qui rend la protection des règles et des droits des migrants africains difficile.
En ce qui concerne la migration vers les pays du Golfe et du Moyen-Orient, M. Kane a exposé le système de migration appelé « Kafala » qui permet à tous les migrants de se déplacer, le qualifiant de « système qui ressemble à l’esclavage » avec la confiscation du passeport et les violations du droit du travail. En effet, les migrants des pays d’Afrique du Nord, de l’Est et de quelques pays d’Afrique de l’Ouest qui utilisent le système « Kafala » et ces migrants sont souvent des individus non qualifiés.

D’après lui, ce système pose un problème majeur dans les pays africains, car la majorité des migrants ne sont pas informés des conditions de travail ni des emplois disponibles avant de se rendre dans ces pays. Le travail effectué est généralement à domicile et les emplois sont fragiles. Le nombre de migrants au Moyen-Orient est estimé à 5 millions, principalement composés de femmes originaires pour la plupart des pays d’Afrique du Nord et de l’Est et 95% des femmes migrantes sont des femmes ménagères et sont confrontées à un harcèlement sexuel, manque de protection, manque d’assistance du côté des ambassades dans ces pays.
Afin de garantir les droits des migrants, la principale question qui se pose est : « comment gérer le « kafala » car elle n’est pas uniforme ? ». Il est nécessaire alors selon le spécialiste d’Open Society de mettre en place une réglementation et des dispositifs de vérification afin de garantir la protection des migrants. Cela demande une implication des associations de soutien aux migrants qu’il faut reconnaître et favoriser leur participation aux discussions et au dialogue. Il est tout aussi essentiel de réexaminer la façon dont les pays africains abordent la question de la migration, ainsi que de revoir leur politique nationale en matière de migration. La convention 189 de l’OIT mérite une attention particulière.
Pour sa part Ngoné NDOYE, ancienne ministre des Sénégalais de l’extérieur et présidente de l’association Femmes, enfants, migration et développement communautaire (FEMIDEC) prône une protection des migrants, une réglementation des agences de voyage ainsi qu’un conseil supérieur de la diaspora pour apporter des solutions aux problèmes des migrants.
Dans son discours d’ouverture, le Dr Cheikh Oumar Ba, directeur exécutif de l’Ipar, a souligné que cette étude vise à examiner les droits des travailleurs en Afrique et ailleurs afin de garantir la protection des droits des migrants. Il sera nécessaire que les députés interpellent les autorités afin que les résultats de l’étude soient utilisés dans la prise de décisions et encouragent un dialogue au sein de la CEDEAO, de l’Union africaine et des pays du Golf, car le système de « Karbala » existe également en Mauritanie et dans les pays de l’Afrique du Nord.
Lors de sa présentation du contexte méthodologique du projet, Mme Oumoul Khairy Coulibaly, coordinatrice scientifique du projet, a examiné en profondeur la pratique du système « kafala » en mettant en évidence les difficultés juridiques dans les pays de départ. Elle a également accordé davantage d’importance au contexte d’arrivée plutôt qu’aux pays de départ. Dans sa présentation, elle a souligné que la population active de cette région est largement dominée par les migrants, représentant 27,1% en Arabie saoudite, avec 73,3 % travaillant dans le secteur domestique. Les migrants sont victimes de maltraitance, une forme moderne d’esclavage qui a connu une augmentation significative au cours des 5 dernières années.

Elle a relevé que quelques efforts qui sont en train d’être faits par la Côte d’ivoire, l’Ethiopie, les philippines ou le Népal qui ont pris des mesures sur l’interdiction de visas vers les pays du Moyen orient.
Des accords bilatéraux de travail ont également été conclus pour le Kenya ainsi que la mise en place d’un comité consultatif sur la main-d’œuvre au sein de l’Union Africaine qui vise à renforcer les politiques et les programmes, entre autres. Elle a également souligné que le Sénégal a signé de nombreux accords bilatéraux, tels que celui avec le KOWEIT. Des accords ont été aussi ratifiés par l’Afrique du Sud et l’île Maurice. Par contre, pour ratifier la loi internationale, il serait nécessaire de mettre en place des lois nationales en respectant les traités de l’Union Européenne afin de garantir la protection des migrants.
En ce qui concerne les pays du Golf, il y a des organisations qui se chargent des droits des migrants en Arabie Saoudite, mais il existe un problème lié aux lois concernant les migrants vers les pays du Moyen-Orient.
En résumé, cette étude qui durera 4 mois permettra de réactualiser les informations sur la situation des migrants africains dans cette région du monde en portant une attention particulière à la situation des femmes, pour la plupart des employées de maison, afin de porter le plaidoyer sur la mise en place de cadres de politiques de coopération arabo-africaines protectrices des droits humains fondamentaux des migrants africains, de manière générale, et des droits des femmes domestiques, de façon plus particulière.
Le projet de recherche couvre 6 pays, dont 4 pays africains de départ (Ethiopie, Ouganda, Maroc, Sénégal) et deux pays arabes de destination (Arabie Saoudite et Qatar).