lundi, mai 19, 2025

Sénégal : Des universitaires planchent sur la place des femmes dans le projet démocratique

Des universitaires ont planché sur la place des femmes dans le projet démocratique, dans le cadre du symposium international organisé à Dakar en hommage à la sociologue sénégalaise, Pr Fatou Sow.

Ces universitaires, originaires de la France, du Maroc et d’Algérie, ont relevé, jeudi, lors d’une table ronde plusieurs faits sur le concept de la démocratie, notamment celui lié à la relation espace public et privé, à l’irruption des femmes dans le projet démocratique ou encore, à la laïcité dans sa définition originelle.

‘’En effet, cette division entre l’espace public et l’espace privé, présente dans notre vécu quotidien de nous toutes et tous, renvoie, bien entendu, à la division sexuelle du travail. Elle renforce les perceptions dominantes. Les hommes sont des citoyens actifs’’, a déclaré Pr Malika Benradi, de l’Université Mohamed V de Rabat (Maroc).

Dans cette démarche, elle souligne avoir essayé d’interroger deux concepts ‘’majeurs’’ que les États contemporains mettent en avant, notamment ceux de citoyenneté et de la démocratie.

Pour elle, le choix d’un système politique démocratique interpelle forcément et de manière incontournable, la démocratisation des relations de genre dans les deux espaces, particulièrement celui relevant du privé.

‘’Et il est temps de considérer que l’espace public est politique mais l’espace privé l’est éminemment et que si on ne le considère pas comme politique et qu’on réfléchit à un projet de société égalitaire et démocratique, c’est qu’on a tout simplement raté le coche et on va reproduire auprès des générations le même schéma’’, explique-t-elle.

Professeur émérite à l’Université Paris-Diderot, Sonia Dayan-Herzbrun, s’interroge quant à elle, sur l’irruption des femmes dans le projet démocratique, tout en mettant en exergue le principe des contre-pouvoirs, lorsque l’on s’attaque à la démocratie.

”(…) penser la démocratie aux féminins, c’est transformer totalement la démocratie, et il me semble aussi mettre le désir au centre de cette conception de la démocratie’’, estime-t-elle.

”La laïcité, c’est la séparation entre le politique et le religieux, c’est-à-dire entre les églises, les autorités religieuses qui représentent les diverses églises, et l’État’’, a pour sa part, soutenu, Marième Helie-Lucas, membre fondatrice du mouvement des femmes vivant sous les lois musulmanes (WLUML).

Elle démontre comment une République laïque ne reconnait qu’un seul type d’interlocuteur qu’est le ‘’citoyen’’, affirmant ainsi que cette laïcité est directement liée à la démocratie.

”Et on pourrait aussi dire qu’en fait l’État laïc se déclare incompétent en matière de religion au sens que cela ne fait pas partie de ses attributions de statuer sur des choses religieuses’’, ajoute-t-elle.

Universitaires, chercheur.e.s, activistes et militant.e.s se sont réunis à Dakar, jeudi et vendredi, à Dakar, dans le cadre du Symposium international ‘’La Démocratie au féminin’’ en hommage à la Professeure Fatou Sow, grande intellectuelle africaine, militante engagée et une des pionnières du féminisme en Afrique.

Pr Sow est reconnue pour ses travaux engagés sur le genre qui décryptent la condition des femmes africaines, les avancées, les reculs, les espoirs, les combats passés et à venir.

Le symposium entre dans le cadre du cycle triennal d’enquêtes et recherches féministes (2025-2027) de la Fondation de l’innovation pour la démocratie qui a pour objectif immédiat l’analyse des transformations des rapports de genre dans l’Afrique contemporaine.

Ce cycle se concentre sur 8 axes majeurs : le travail des femmes ; les savoirs féminins ; les métamorphoses de la famille ; les circuits de vie et les rapports entre générations ; les corps et les sexualités ; le genre et les dispositifs technologiques ; femmes rurales, écologie et dynamiques d’autosuffisance ; genres du savoir et savoirs du genre.

Le symposium est organisé par la Fondation de l’innovation pour la démocratie en partenariat avec plusieurs autres institutions : l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF), Sciences Po, Polit’Elles, l’Université internationale de Rabat, Global Africa, l’Institut Français de Dakar et Equipop.org, l’Institut de Recherche pour le Développement.

Source : Agence de Presse Sénégalaise

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