Jaha Dukureh, 31 ans, gambienne, a fait de son vécu, son combat, en tant qu’ambassadrice d’ONU femmes Afrique et fondatrice de l’organisation « Safe hands for girls », elle parcourt la planète pour lutter contre les mutilations génitales féminines.
Des millions de petites filles sont excisées chaque année à travers le monde, et cela malgré des campagnes de sensibilisation, la mobilisation d’associations sur le terrain, et aussi des lois qui interdisent cette pratique. « Les lois ne suffisent pas, il faut surtout éduquer », confie Jaha Dukureh, ambassadrice d’ONU Femmes pour l’Afrique et fondatrice de « Safe Hands for girls », une organisation qui lutte contre les mutilations génitales féminines (MGF).
La mutilation génitale féminine est l’ablation partielle ou entière des organes génitaux féminins. Il y a plusieurs sortes de mutilations génitales féminines : ce peut être une ablation partielle du clitoris, mais aussi l’ablation complète du clitoris, des lèvres, ainsi que la couture du vagin.
En 2016, l’UNICEF établit un bilan chiffré du nombre de femmes et de filles ayant subi une mutilation sexuelle. Elles seraient 200 millions, dont près de la moitié vivent en Egypte, en Ethiopie et en Indonésie. Dans le précédent recensement, de 2014, ce chiffre était de 140 millions. Dans la moitié des trente pays qui pratiquent l’excision, la majorité des filles la subissent avant l’âge de 5 ans. En Égypte, en République centrafricaine, en Somalie et au Tchad, au moins 80 % des filles sont excisées entre 5 et 14 ans, parfois dans le cadre de rites marquant le passage à l’âge adulte.
Fin janvier 2020, la presse égyptienne relayait la mort d’une fillette de 12 ans lors d’une excision et l’arrestation de quatre personnes, dont ses parents. Les mutilations génitales féminines sont interdites en Égypte depuis 2008, mais le pays a toujours l’un des taux de pratique les plus élevés au monde.
L’effet et les conséquences des différentes formes de mutilations génitales féminines sont à la fois psychologiques et physiques. « Ça prive les femmes de la partie la plus sensible de leur corps et enlève le droit au plaisir, un droit offert par Dieu, et c’est quelque chose sur laquelle les femmes n’ont pas leur mot à dire », confie Jaha Dukureh lors de notre rencontre dans le bureau de Terriennes à Tv5monde.
Jaha Dukureh, une femme en lutte
Jaha Dukureh est une militante gambienne qui lutte pour les droits des femmes et contre les mutilations génitales féminines. Elle a été nommée ambassadrice régionale d’ONU Femmes pour l’Afrique au mois de février 2018. Elle-même victime de mutilations génitales féminines (MGF) et contrainte au mariage forcé à l’âge de 15 ans, elle mène des actions de sensibilisation visant à mettre fin aux MGF et au mariage des enfants en Afrique, en se concentrant sur la mobilisation des jeunes.
Jaha Dukureh est aussi la fondatrice et directrice générale de Safe Hands for Girls, une ONG qui vient en aide aux femmes et aux filles africaines victimes des MGF et qui s’efforce de traiter les graves séquelles physiques et psychologiques que ces mutilations leur laissent, toute la vie durant. Aux côtés d’organisations de femmes et de la société civile, elle a contribué à l’interdiction des MGF par le gouvernement gambien.
Née en Gambie en 1989, elle a obtenu la nationalité américaine en 2015. Elle est mariée et a des enfants issus de son second mariage. Son premier mariage avait été arrangé pour l’unir, à 15 ans, à un homme beaucoup plus âgé qu’elle. En 2016, le magazine américain Time la classait parmi les 100 personnalités de l’année. Elle a été désignée comme l’une des 100 personnes africaines les plus influentes en 2017 par le magazine New African, pour son travail d’activiste. Elle a également été honorée du prix « Human rights activist, Humanitarian of the Year » (Militante des droits de l’homme, Humanitaire de l’année) lors de la septième édition annuelle des Prix de la diaspora africaine décernés en 2017.
Source : TV5