jeudi, avril 25, 2024

Retour sur les temps forts de la table ronde virtuelle sur Paix et sécurité en Afrique : ‘’ Rôle des femmes des médias et des femmes médiatrices’’

Le site d’information Les Africaines ( www.lesafricaines.net) et ses partenaires ont organisé , samedi 20 mai , 2023 de 11 à 13 heures GMT  une table ronde virtuelle sur Paix et Sécurité en Afrique : « le Rôle des Femmes des Médias et des Femmes Médiatrices ».

La rencontre virtuelle a réuni d’éminentes personnalités du continent défenseurs de la paix dont le diplomate Cheikh Tidiane Gadio, président de l’Institut panafricain de stratégie (IPS) et ancien ministre des Affaires étrangères du Sénégal, l’enseignant –chercheur, malien Mady Ibrahim Kanté ainsi que des expertes de la médiation comme la coach et experte internationale sur la question « Femmes, paix et sécurité », la Tunisienne Salwa Sahloul.

Le panel virtuel a vu aussi la participation des femmes journalistes du Sénégal, du Mali, du Niger, du Burkina Faso, telles que la présidente de l’Union internationale de la presse francophone, section Mali, Ramata Diaouré, la nigérienne Maimouna Diado Amadou, la consultante et journaliste burkinabè Valentine Zougrana. Il a réuni plus de 70 participants y compris les intervenants et retransmis en deux langues à savoir l’Anglais et le français.

Cette initiative portée par la plateforme « Lesafricaines avait pour objectif de se concerter avec les femmes qui s’activent dans la médiation et la recherche de la paix afin de trouver des pistes qui permettront de mieux communiquer avec les acteurs et de sensibiliser les groupes vulnérables. Elle visait en outre à conscientiser les acteurs sur une meilleure implication des femmes des médias dans la résolution des défis sécuritaires et dans la médiation.

Modérée par la marocaine Khadidja Elmadmad, professeur de droit, avocate, consultante internationale et médiatrice pour la paix, la table ronde a été l’occasion de faire l’état des lieux de la situation sécuritaire du continent, le rôle des femmes dans la lutte contre le terrorisme, l’impact des problèmes de sécuritaires sur les femmes, les différents rôles des femmes de médias et le femmes médiatrices mais surtout leur éventuelle collaboration.

 Etats des lieux de la sécurité en Afrique

Dans sa communication faisant l’état des lieux de la situation sécuritaire du continent, le Docteur Cheikh Tidiane Gadio, Président de l’Institut Panafricain de Stratégie (Ips) a déclaré que la situation du continent est très grave car l’Afrique a connu un grand tournent en 2009, avec la naissance de Boko Haram, qui de 2009 à 2022, a fait 40 000 morts au Nigeria. Depuis trois mois, on assiste à des massacres des civils qui font souvent 30 voire 50 victimes au Burkina Faso. Selon l’ancien ministre, la situation s’est accéléré en 2009 avec ‘’l’agression’’ de l’OTAN en Libye causant l’effondrement de la Lybie, du Sahel, des attaques contre toute l‘Afrique de l’Ouest.

Il explique que les djihadistes du sud de l’Algérie au nord du Mali se sont métastasés jusqu’au Mozambique où ils ont occupé une province extrêmement riche qui s’appelle Cabo Delgado. Notre hypothèse est que les Djihadistes ont décidé que l’Afrique était prenable, l’Afrique est vulnérable. C’est un champ à conquérir et que les africains ne semblent pas très souciant des enjeux sécuritaires dans leur continent et que l’Afrique est un continent riche. Ils ont décidé de ne pas laisser ce continent aux Chinois, Indiens, Européens. Ils ont décidé de venir prendre leur part d’Afrique, en conquérant des territoires. Ils s’intéressent à nos ressources financières et naturelles, à nos forêts et à embrigader notre jeunesse.

D’après le diplomate, la situation sécuritaire actuelle est critique parce que l’Afrique n’a pas de réponse. A ce jour, l’Afrique n’a tenu aucun sommet sur le terrorisme, ni sur la réponse africaine, une armée régionale africaine ou continentale pour relever le défi du terrorisme. Il informe que les deux grandes régions les plus affectées sont l’Afrique de l’Est avec la crise en Somalie et la crise dans le Sahel. Nous avons déjà averti que les djihadistes pensent prendre le Togo, le Bénin, la Côte d’Ivoire ou le Sénégal. Ils sont en train de travailler sur ces dossiers et personne n’écoute les lanceurs d’alertes. C’est une situation apocalyptique et le fait qu’ils déménagent l’épicentre du terrorisme mondial en Afrique ne semble pas émouvoir et l’Union africaine et nos grandes organisations régionales. Il est urgent d’agir.

Depuis 2012, nous prônons une armée africaine car il faut une mutualisation des efforts. Nos dirigeants ont créé le G5 Sahel et ont exclus des pays clés comme le Maroc pour son expérience, l’Algérie, le Sénégal ainsi que le Nigéria et le Cameroun. Le G5 n’a pas pu se financer et est paralysé actuellement. L’Union africaine n’a pas de réponse et de stratégie. A cela, s’ajoute la crise du Soudan qui va encore déstabiliser le continent tout entier.

Véritablement, il est urgent de mettre la pression sur nos leaders pour qu’ils voient l’ampleur du désastre et que le sommet sur le terrorisme promis se tienne ainsi que la mise en place d’une armée africaine ou régionale. Il est temps de mutualiser nos efforts, d’aller ensemble et de travailler pour sauver ce continent.  

La tunisienne Salwa Sahloul, Coach et experte internationale sur la question « Femmes, Paix et Sécurité » a ajouté que « les problèmes sécuritaires du Tchad affectent la Tunisie, l’Afrique n’est pas le nord et le sud. Ils ne concernent pas uniquement les conflits armés mais touchent aussi les problèmes d’eau, l’accaparement des ressources naturelles, les crises politiques et économiques, l’inflation. Les femmes souffrent doublement sur le plan social et économique. Il est important qu’elle puisse disposer d’une autonomie financière. »

Docteur Mady Ibrahim Kanté, enseignant et chercheur a lors de sa présentation intitulé ‘’le rôle des femmes dans la lutte contre le terrorisme : cas du Sahel’’ expliqué que le terrorisme continue de gagner du terrain au sahel avec notamment le Mali et le Burkina Faso et une expansion vers les pays côtiers.

Impact et Rôle des femmes des médias dans la résolution des conflits

Mme Elmadad a indiqué lors de son introduction que « le problème de la paix et de la sécurité est au cœur de l’actualité internationale et au centre des préoccupations du continent. Ce problème se pose à plusieurs niveaux dans différentes parties de l’univers, y compris en Afrique. Divers acteurs s’activent à le résoudre ». Elle ajoute que ce sont les personnes vulnérables qui sont le plus touchées par les conflits et par les violences ; particulièrement les femmes qui sont souvent les plus grandes victimes.

Dans son mot de bienvenue, la fondatrice et directrice de Publication de la plateforme « Lesafricaines », initiatrice de la rencontre virtuelle a indiqué que « les femmes, en tant qu’acteurs de développement, peuvent jouer un rôle crucial dans la prévention et la résolution des conflits et la consolidation de la paix. Les femmes sont des voix importantes dans les médias, qui peuvent donner la parole aux perspectives féminines et aux solutions fondées sur le genre pour résoudre les conflits et promouvoir la paix.

L’ancien ministre des affaires étrangères du Sénégal estime qu’il urge de changer d’approche pour venir à bout des menaces sécuritaires. Et dans ce schéma, les femmes doivent se retrouver en première ligne. « La situation du continent est extrêmement grave, j’ai toujours souhaité que les femmes africaines montent au créneau car l’expérience a montré que les hommes leaders, pris par la gestion du pouvoir et l’égoïsme que les caractérise, ne saisissent pas les urgences sécuritaires à relever ». Et d’ajouter : « je pense qu’une grande partie des réponses à cette problématique seront apportées par les femmes. Elles ont un rôle extrêmement important à jouer dans la gestion et la prévention des

Conflits.

Le Docteur Mady Ibrahim Kanté ajoute qu’il faut réfléchir sur des mécanismes endogènes pour trouver des solutions   à travers toutes les composantes de la société notamment les femmes qui ont joué un rôle depuis l’époque des pharaons pour faire face au terrorisme au sahel aux côtés des autres groupes comme les jeunes et les chefs religieux.

Pour sa part, Valentine Zougrana, membre du collectif des Journalistes du G5 Sahel a laissé entendre que les femmes jouent un rôle important dans la société traditionnelle africaine mais on se rend compte que la voix des femmes est inaudible. En tant que femmes des médias nous avons le rôle de renforcer les production journalistes à travers nos plumes pour interpeller l’opinion.

Pour la journaliste nigérienne Diado Maimouna Amadou, les femmes sont plus affectées que les hommes puisqu’elles sont obligées de fuir l’insécurité en devenant refugiées car elles sont violentées, harcelées moralement et physiquement. Elles deviennent des veuves ou orphelines obligées de soutenir toute une famille, d’abandonner leur foyer pour fuir l’insécurité afin de trouver un lendemain meilleur. Elles sont les premières victimes de l’insécurité à travers la manipulation, l’enrôlement dans l’extrémisme violent.

Selon la journaliste malienne Ramata Diaouré, les conflits impactent aussi les journalistes hommes comme femmes car il y’a de la part de certains une volonté de museler la presse selon leurs intérêts mais il faut également que la responsabilité du journaliste fasse qu’il ne mette pas l’huile sur le feu. Dans la pratique du journalisme en zone d’insécurité, il faut prendre certaines informations avec des pincettes.

La place des femmes dans les processus de paix et de médiation

Pour Mme Kebe, initiatrice de l’évènement, « les femmes médiatrices ont des compétences spécifiques pour faciliter les négociations et la résolution des conflits.

La modératrice en sa qualité de médiatrice membre du réseau de médiatrices africaines FemWise-Africa a fait savoir que l’invisibilité des femmes du domaine de la paix et de la sécurité est en train de s’estomper graduellement et plusieurs pays ont adopté des plans d’actions pour mettre en vigueur la Résolution 1325. C’est le cas du Maroc et d’autres pays de l’Afrique du Nord.

S’exprimant sur le rôle des femmes dans la médiation, la médiatrice tunisienne Salwa Sahloul a fait savoir que la femme médiatrice est un facteur de paix, de résolutions de conflits. Lors des conventions de réconciliation de la paix ou résolution pacifique, on constate une implication des femmes médiatrices pour trouver des solutions pérennes en matière de paix.

Recommandations

Au terme de la table ronde, les intervenants ont formulé des recommandations allant dans le sens de mieux renforcer la collaboration entre les femmes des médias, médiatrices ainsi que des chercheurs dans le but d’harmoniser les communications et les rôles.

Ainsi , plusieurs recommandations ont été formulées entres autres : la diffusion/publication des interventions et des suggestions faites le 20 mai ; lancement de la collaboration entre les femmes des médias, les femmes médiatrices et les universitaires, chercheurs et les praticiens, selon les spécialités et les compétences ; la programmation de formations réciproques des femmes médiatrices en communication par les femmes des médias et des femmes des médias en médiation par les femmes médiatrices ; diffusion des contacts des personnes intéressées par la collaboration entre les femmes des médias et les femmes médiatrices et engagements spécifiques concernant cette collaboration ; création du Réseau des femmes des médias et des femmes médiatrices (REFMFM)

dans le meme sujet

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Derniers Articles